Née sous l'impulsion du Figaro, l'aventure Portes d'Afrique a choisi de partir à la rencontre d'un continent par ses grands ports, à bord du voilier CFAO Technologies, grand monocoque de course au large, transformé en salle de rédaction itinérante.
« Les ports de mer n’appartiennent à aucun pays. Ils sont à ceux qui naviguent, rêvent, voyagent, échangent. Ceux qui ne sont pas ancrés mais vivent de départs et d’arrivées. Les ports d’Afrique n’échappent pas à cette règle mystérieuse. Ils sont du sud et du nord à la fois, de la côte et des grands espaces intérieurs. La mémoire des mondes qu’ils bordent, et par là même, le sel de leurs lendemains.
Parce qu’ils sont toujours là devant le rideau de l’Ailleurs, parce qu’ils restent ces concentrés de vie, d’échanges et d’espoirs, l’équipage de Portes d’Afrique est parti à la rencontre de ces ports. À l’ère de l’aviation et du haut débit, le rythme lent et naturel de la navigation peut sembler étrange. Pourtant, comment passer par les airs de Djibouti à Mombasa, et de Mombasa à Maputo, sans avoir l’impression de glisser d’un monde à l’autre en n’accrochant rien ? C’est donc à bord d’un voilier de course de 26 mètres qu’ont posé leur sac à tour de rôle douze grands écrivains voyageurs. Un relais littéraire de huit mois autour de ce vaste continent-île pour tenter de voir une autre Afrique.
L’Afrique est sans nul doute le continent qui appelle au plus fort un autre regard. Pour beaucoup, elle est sortie des cartes du premier monde. On n’y voit plus que colonnes de réfugiés, ballottés en tous sens sur des pistes poussiéreuses, hordes rebelles et prédatrices, dispensaires sentant la détresse et la mort. C’est une réalité, parmi tant d’autres réalités africaines. Alors, sans savoir ce qu’ils récolteraient, écrivains, journalistes, photographes et illustrateurs ont franchi ensemble ces portes marines.
De ce voyage, ils n’ont pas rapporté une grande fresque au ciel d’aquarelle. L’Afrique ne leur est pas apparue plus belle qu’à l’homme de Douala ou de Massawa. Ni moins forte, moins riche de mélanges et d’audace. Ils ont vu un continent dont le sang bouillonne pour le pire et le meilleur. De cette rencontre sont nées douze nouvelles, parce que l’Afrique aime se raconter, être racontée. Douze récits entremêlant fiction et émotions de voyage, pour dire autrement une réalité que l’actualité souvent réduit, enferme.
Le départ est, dit-on, une maladie de l’imaginaire et de l’intelligence. Une fièvre, sûrement. Et contagieuse, c’est un bien. Souhaitons que ces mots revenus de trois mers et douze pays incitent chacun à pousser à son tour la porte, celle des autres Afriques. »
Arnaud de La Grange